Extrait du livre Pour une naissance sans violence.
Moment magique, moment suspendu dans la folle course du temps, la naissance est un moment fort, inoubliable. Ce magnifique extrait du livre « Pour une naissance sans violence » de Frédérick LEBOYER nous rappelle combien nous devons respecter le rythme de cette naissance mais également respecter le bébé qui s’en vient… Douce lecture !
Texte de Fréderick LEBOYER
Cet instant de la naissance,
Apprenez à le respecter.
Moment fragile, mouvement subtil,
Insaisissable autant que celui de l’éveil au matin.
On est entre deux mondes,
Sur un seuil.
L’enfant est là, qui hésite.
De grâce, n’allez pas le pousser !
Voulez-vous le faire tomber ?
Laissez ce petit être
Entrer comme il l’entend,
A son allure, à son rythme.
Laissez-le prendre son temps.
Voyez l’oiseau prendre son vol,
Voyez-le lourd et maladroit,
Trainant des ailes qui l’encombrent,
Voyez-le gauche et puis…
Voici qu’il vole !
Il a quitté la terre, c’est l’air qui le porte, le fait gracieux,
Léger.
Quand donc est-il passé d’un royaume dans l’autre ?
C’est si subtil que l’œil ne peut le saisir.
Subtil comme d’entrer ou de sortir du temps.
Et puis, voici la marée qui monte, imperceptible,
Irrésistible
Et qui se met à redescendre.
A quel moment s’est-elle renversée ?
Avez-vous l’oreille assez fine
Pour entendre l’océan respirer ?
Oui, cette naissance,
Cette vague qui se détache de la vague,
Naît de la mer sans la quitter,
N’y touchez pas avec vos mains grossières.
Vous n’entendez rien aux mystères.
L’enfant en vient,
Laissez-le faire : il sait.
Laissez-le, voyez,
Une vague le pousse sur le rivage,
Une autre le reprend, le pousse un peu plus haut.
Une autre encore
Et le voilà sorti des flots.
La terre le porte.
Il est libre de l’onde
Et affolé de l’être.
Ne troublez rien.
Attendez. C’est la première aube.
Laissez alors à cette aurore
Toute sa grandeur, sa majesté.
Attendez, attendez
Laissez à la naissance
Toute sa lenteur, sa gravité.
Cet enfant, pour la première fois,
S’éveille.
Ne troublez rien alors qu’il quitte
Le royaume des songes.
Voyez,
Un pied court encore et s’attarde
Au jardin du rêve,
L’autre vient de heurter
Le bord du lit !
On a sauté dans la durée,
On a quitté l’éternité.
Cet enfant s’est mis à respirer !